
La semaine passée a été comme un bond dans l’avancée du projet avec une séance photo, une réunion des chorégraphes (et des courriels pour la continuer). Après ces échanges, le titre qui a été choisi est La question des fleurs. Il plaît à toute l’équipe de par ce qu’il dit et ne dit pas. Au fil des discussions, on voit trois pistes de réflexion se dessiner : l’idée du couple, l’idée du toucher et, bien évidemment, l’idée des fleurs.
Duo ou dualité ?
Les chorégraphes ont réalisé qu’ils n’auraient peut-être pas pensé à travailler avec un couple de danseurs si la situation actuelle ne les y avait forcés. Il y a tant à explorer ! Leur relation d’interprète pose des questions : est-ce que danser ensemble, quand on est un couple, ça nourrit la performance ? Est-ce que c’est problématique pour parfois ? Est-ce qu’ils en font abstraction ? Échanger avec eux sur le sujet fera partie du processus de création, il serait aussi intéressant de voir si leurs points de vue divergent sur le sujet. Il faudra aussi travailler entre ce qu’ils sont, ce que les chorégraphes projettent sur eux en tant que couple, et ce qui se dégage de leur présence scénique. La séance photo, dirigée par Andrea Peña, n’a pas été pensée autour du couple, mais plutôt du duo et de la dualité. Les photographies ont été construites à partir d’antonymes et de synonymes : contraintes et libertés l’une dans l’autre, construction et effondrement, etc. Christophe Garcia, lui, sait déjà les premières choses qu’il souhaite leur demander : se prendre par la main. Se prendre par la main, et s’embrasser. Pas forcément avec les lèvres, mais avec tout le corps, et voir comment leur corps embrasse celui de l’autre.

Cela nous amène au toucher
Après avoir été privés de contact physique ces derniers mois, l’envie de contourner l’interdit se fait de plus en plus forte. Nos quatre chorégraphes veulent s’offrir une catharsis à travers Daphnée et Danny. Leur performance nous permettra peut-être de réapprendre à apprécier l’intime, ce qu’on avait dû abandonner. Utiliser ce couple pour montrer le toucher semble être un subterfuge. L’idée de subterfuge plaît à tous, on en cherche la définition et les synonymes : moyen habile et détourné pour se tirer d’embarras. Synonymes : dérobade - échappatoire - esquive - faux-fuyant - pirouette - prétexte.
À travers le toucher des danseurs, les chorégraphes et spectateurs se réapproprieraient la liberté corporelle perdue, et redécouvriraient les gestes simples de l’affection.
Les fleurs au milieu
Un geste simple qui a disparu ces derniers temps explique Christophe, c’est offrir des fleurs. Et cette tradition est d’autant plus forte dans le monde de la danse où l’on jette des fleurs aux artistes à la fin des représentations.
Mais ce sujet, lui aussi, met en avant une dualité. Andrea, elle, n’aime pas recevoir des fleurs, car elle trouve que cela est bien trop enraciné à une idée de la féminité. Cela pourrait être une première question des fleurs. Peut-on accepter le geste dans sa simplicité au-delà de l’objet qui est offert ? Mais dans cette simplicité, le conflit peut exister : quelle idée a-t-on de la personne qui offre ? Et de celle à qui on offre ? Y a-t-il une question d’interprétation ? Est-on plus à l’aise à offrir ou à recevoir ? Cette histoire de fleurs pose tant de questions que le titre semble de plus en plus juste. La question des fleurs… Qui pose la question ? À qui ? Dans quel contexte ? Et si on pose la question, c’est qu’il y a un problème. Si la question des fleurs est un problème, de quelle nature est le problème ? Est-ce une énigme, une enquête, un danger, une complication ? La question des fleurs est-elle entre nos deux interprètes ? Ces fleurs les ramèneront-elles à leur relation personnelle ? Et nous voici revenus à l’idée du couple.